« Réapprendre à fédérer.
Un impératif pour des fédérations en quête de résilience et de nouveau souffle à 3 ans des jeux de Paris 2024 ? »

Mardi 21 septembre 2021 9h/12h, Visio-conférence Zoom

« C’est trop bon de faire du sport ! ». Depuis quelques semaines ce slogan publicitaire du gouvernement, prolongé par plusieurs autres campagnes des entreprises partenaires de Paris 2024 (Decathlon, BPCE,…) fleurissent, en cette période de reprise sur nos écrans et les pages de nos magazines. Ils nous rappellent les nombreux bienfaits associés à la pratique, et nous projettent d’ores et déjà de façon optimiste et volontaire au sortir des jeux de Tokyo dans la perspective des jeux de Paris 2024.

Cette rentrée n’est en effet pas comme les autres. Le retour des pratiquants dans les clubs représente un enjeu majeur pour les fédérations, même si le secteur sportif a été inégalement exposé, tout au long de cette période d’incertitude sanitaire et d’inquiétude pour les bénévoles sur le terrain.

La chute des licenciés, évaluée globalement à plus de 26%, la perte des cotisations (estimée fin 2020 à 260 millions d’euros par le CNOSF*), l’arrêt des compétitions et des événements locaux, parmi d’autres, ont mis à mal de nombreuses associations sportives, notamment non employeuses. Les structures employeuses s’en sortant mieux grâce aux aides proposées et aux économies induites par l’arrêt des activités (cf. travaux des 68ème, 69ème et 70ème Rencontres du Club Sport & Management consacrées au Club de demain). Cette reprise doit donc relancer la mobilisation, la confiance et le rebond économique des acteurs à 3 ans de l’échéance olympique et paralympique parisienne.

Le challenge est d’autant plus important à relever, au-delà de la fin annoncée des aides, que la demande des pratiquants, tout en étant plus forte, a également évolué, et que l’environnement institutionnel sportif mute désormais, entraînant beaucoup d’interrogations et d’appréhensions pour les acteurs sportifs eux-mêmes. Les campus et autres regroupements de dirigeants et bénévoles organisés traditionnellement par les fédérations en période de reprise s’en font l’écho, tout en essayant de préparer au mieux un retour des pratiquants dans les clubs, qui pourrait être par ailleurs boosté par les performances et l’exposition de nos athlètes et para-athlètes cet été, la mise en place du Pass’ sport par le ministère des sports, -allocation de rentrée sportive de 50 € pour les enfants-, et l’installation du Pass sanitaire destiné à rassurer et à protéger (même si le protocole sanitaire à déployer suscite parfois de l’émoi).

Les pratiquants sportifs ont évolué et les clubs sont plus ou moins préparés à les accueillir et à les fidéliser. Ils ont conscience qu’il leur faut développer de nouveaux réflexes depuis cette crise sanitaire et la transformation engagée de la gouvernance sportive. Ils préfèrent cependant souvent se tourner vers leurs élus locaux pour trouver des réponses adaptées et rapides, que vers leurs interlocuteurs fédéraux traditionnels, confrontées à l’adaptation délicate de leur modèle de fonctionnement, et jusqu’à peu encore aux indécisions qui accompagnaient la période élective.

Les fédérations sont donc mises en demeure de réussir cette rentrée et en même temps de se réinventer en questionnant leurs offres et leur raison d’être avec leurs équipes et avec leur maillage territorial. Leur enjeu : se resynchroniser avec les acteurs de terrain et s’inscrire ensemble dans un projet clair, crédible et partagé.
Il leur faut donc questionner leurs approches historiques et réapprendre à fédérer pour se propulser avec confiance vers 2024 et au-delà. La réussite durable de cette rentrée constituera sans aucun doute un véritable premier test quant à leur capacité réelle à revoir le logiciel qui les lie aux bénévoles. Cette priorité s’impose d’autant plus fortement que le prochain scrutin fédéral post 2024 donnera résolument la parole aux clubs.

Cette exigence concerne en effet aussi bien l’adaptation possible à des pratiquants désormais de plus en plus consommateurs, volatiles, exigeants et informés, que la mobilisation des équipes et des énergies locales bousculées, et en demande de sens, de proximité et de repères clairs quant à la vision affichée par leurs fédérations. Elle est également rendue nécessaire par le fonctionnement encore approximatif et les engagements que prendront des nouvelles organisations sportives territoriales qui s’installent.

Des propositions émergent cependant pour réaffirmer cette volonté de fédérer. Ainsi face à un environnement de plus en plus concurrentiel, la digitalisation des clubs comme celle des fédérations est mise en avant pour renouer ou renforcer un lien qui s’est distendu avec le terrain et soutenir la mission éducative, la professionnalisation et la montée en compétences des acteurs. Certaines fédérations (handball, basket-ball, athlétisme, …) multiplient donc les joint- ventures et autres accords avec start-ups et plateformes sportives pour organiser une acculturation digitale générationnelle perçue aujourd’hui comme incontournable, et qui passe également par l’essor de leur présence sur les réseaux sociaux. Ces stratégies digitales d’influence et de « tribalisation » pouvant par ailleurs générer de nouveaux leviers de croissance en termes d’exposition, de communautés ou encore de gestion des data.

Les dirigeants sportifs mettent aussi en avant, de façon plus ou moins contrainte, une conscience et des orientations sociétales, solidaires et environnementales plus marquées, en phase avec l’époque et les préoccupations montantes de nombreux acteurs de terrain et des pratiquants (santé, RSE, ESS, biodiversité, handicap, …) . Cette approche va même jusqu’à questionner parfois l’identité fédérale et le modèle de performance sportive historique à l’instar de la fédération de badminton qui place le projet de performance sociale au cœur de son modèle de développement.

Ces initiatives pourront-elles néanmoins suffire pour réengager et fédérer un tissu sportif aujourd’hui morcelé et exposé, et recréer l’unité et la confiance qu’avaient su susciter les sociétés et les fédérations sportives à leur création à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle ? Cet élan avait ensuite bénéficié de l’impulsion de la loi Waldeck Rousseau du 1er juillet 1901 concernant les associations, puis quelques années plus tard de l’intervention et du soutien plus formel de l’Etat à partir des années 40 pour organiser au mieux la dynamique fédératrice originelle ?

Les attentes sont fortes, et les réponses encore insuffisantes pour ré-enchanter un mouvement sportif qui oscille encore entre bien commun et approche consumériste sans trouver clairement sa voie alors que notre société appelle à de profondes transformations, amplifiées légitimement par la crise sanitaire. Les dirigeants récemment installé ont donc un important défi à relever, et une responsabilité forte à assumer. Etre à la hauteur du renouvellement de la mission première de leur fédération tout en l’aidant à changer d’époque. Leur mandat s’annonce donc historique à plus d’un titre. Si les jeux de Paris représentent en effet une vitrine et une opportunité formidable pour agir, ils ne pourront cependant suffire, malgré les enjeux d’héritage, à apporter toutes les réponses et inscrire leur action dans la durée. Cette rentrée doit donc permettre d’envoyer quelques signaux plus clairs et plus affirmés pour montrer à tous que le virage est réellement engagé dans l’intérêt général des pratiquants, des licenciés et des acteurs de terrain investis au quotidien, comme du déploiement d’une vision construite éclairant de façon crédible la place du sport demain dans notre pays… Il convient donc de se mobiliser pour les relever ensemble et redonner sens et énergie à l’engagement des bénévoles, à la fois âmes et vecteurs irremplaçables de la promesse sportive fédérale passée, actuelle et à venir proposée aux pratiquants d’hier et demain…Comment en effet mobiliser un pays quand on a du mal à mobiliser sa famille ?

Cette 71ème Rencontre du Club Sport & Management évoquera donc la vision et les stratégies à déployer par les fédérations dès cette rentrée pour réapprendre à engager et fédérer leurs équipes et les bénévoles alors que le sport et les APS semblent devoir changer d’ère…

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