« En première ligne ! »

 

Mobilisés face à la crise du Covid-19.

  « L’engagement sportif des associations est un vecteur de cohésion sociale, qui en ces temps de crise est plus que jamais indispensable, et pas seulement en termes de communication ou d’image. Il ne faut donc pas nous oublier ! »

Aline Clairet, Présidente du Basket Club Arbreslois

Lauréate Acteurs du Sport/Management – Trophées Sport & Management 2018  

Beaucoup de lauréats des Trophées Sport & Management se sont engagés de façon remarquable pendant la crise du Covid-19 ! Chacun dans leur domaine.

Souvent discrets, nous avons souhaité les mettre en avant et cette rubrique leur est dédiée. Ils symbolisent l’implication réelle et souvent peu visible, au plus près du terrain et des difficultés, de nombreux bénévoles, sportifs, élus et autres responsables que nous souhaitons saluer et remercier à travers eux.

Leur exemplarité donne encore plus de sens au travail que nous avons engagé depuis 2013 pour valoriser l’innovation sociale, les acteurs de terrain et nous inspirer pour demain.

 

Elle préfigure enfin le coup de projecteur que le jury donnera au sujet lors de la 7ème Cérémonie des Trophées Sport & Management prévue le 7 ou le 14 octobre prochain. 

 

Aline Clairet dirige le Basket Club Arbreslois (69), situé à 30 km au nord de Lyon, qui rassemble 207 licenciés. Elle a mis en place depuis plusieurs années une véritable dynamique territoriale exemplaire avec les autres clubs locaux par le biais d’un programme de coopération et de mutualisation des compétences. Lauréate du Trophée Acteurs du Sport/Management en 2018 pour ce projet de développement mobilisateur et l’ancrage territorial associé, elle a fait face de façon contrainte et inquiète, à l’instar de nombreux autres dirigeants de clubs, à la situation de confinement tout en essayant de rester mobilisée avec énergie pour entretenir le moral et les liens entre tous autour d’elle.

Son récit éclaire autant la précarité, l’exposition et souvent l’isolement de nombreuses associations sportives, mais également la combativité et l’entrain dont font preuve bon nombre de bénévoles dans l’ombre. La crise de la Covid-19 l’a fait monter en première ligne en affirmant une conscience plus militante que jamais et une capacité d’entraînement exemplaire.

 

La crise pour Aline Clairet à la mi-mars, ça a d’abord été concrètement l’arrêt des entraînements, la fermeture des salles, du bureau du club, la mise en chômage partiel des collaborateurs salariés, l’organisation de tous les évènements annulés (soit 25% du CA annuel) et une perte de 10 à 12 000 € de perte de CA sur l’exercice et des sponsors qui se désengagent. Le recours aux aides de l’Etat a d’abord été indispensable, puis la présidente a lancé une cagnotte solidaire pour compenser à la fois les pertes et préserver les liens avec l’ensemble des licenciés. Le club s’est ensuite immédiatement projeté aux côtés de ses partenaires historiques sur l’exercice 2021, eux-mêmes en difficulté, en essayant de privilégier le financement des dispositifs proposés aux jeunes et la déclinaison de l’expérimentation 2S2C.

Le club ne sait pourtant toujours pas encore s’il pourra effectivement repartir en septembre, la reprise des entraînements pour le moment restant programmée pour le 17 août sans certitude, et la coupure du lien de 6 mois avec les licenciés bousculant également de nombreux repères. Aline a dû se démener et développer un vrai système D, pour éviter de puiser trop dans les réserves du club d’une part et chercher l’information utile pendant cette période très incertaine, décrivant son action par une phrase lapidaire :

« On se retrouve comme un chef d’entreprise qui essaie de sauver sa boite ! »

 

Pour rester constructive et positive, et réduire l’isolement comme le sentiment d’abandon qu’elle éprouvait et qui lui pesait, elle a mobilisé son réseau personnel de façon très proactive, organisant des réunions avec des dirigeants de clubs d’autres disciplines sur le territoire, et rencontré lors de webinars, auxquels elle s’est initiée, des responsables de TPE et de PME pour partager ses difficultés et trouver des réponses pratiques pour entretenir la motivation et préparer avec confiance la reprise. Pourtant les questions et les doutes restent présents, voire même s’amplifient quand elle évoque la capacité des bénévoles à rester réellement engager sur le terrain en septembre et octobre prochains, sur fond de rechute possible de coronavirus, alors qu’ils se sentent structurellement toujours plus menacés et de moins en moins reconnus. Mais combative, elle chasse cette pensée d’un revers de main et repart de l’avant combative.

Elle nous restitue cette envie de faire bouger les choses, ponctuée par de nombreux états d’âmes que cette crise fait resurgir et contre lesquels elle lutte, docteur Jekyll et Mister Hyde parfois.   

Son verbatim évocateur éclairant en effet cette dualité complexe à laquelle font face de nombreux dirigeants tiraillés entre une appréhension sourde mais contenue et une énergie affichée qui se veut mobilisatrice, positive et rassembleuse.

 

« Les associations constituent encore à ce jour un des lieux où on crée encore du lien et de la cohésion entre tous. Il faut nous soutenir. J’espère que les gens continueront à faire du sport dans un club, ce n’est pas pareil. Nous avons certes à nous adapter aux nouvelles attentes et formes de pratiques pour faire venir et revenir les gens, mais cette crise doit nous amener à nous réinventer et en même temps à être mieux reconnues ! Il y a beaucoup de solidarité entre clubs et le réseau personnel a souvent été plus efficace et réactif que l’intervention des acteurs institutionnels. J’ai suivi des webinars pour adapter mon management à cette période de crise, de confinement et dépasser mes doutes comme ceux de mes collègues. Cette démarche m’a finalement renforcé même si de nombreuses interrogations demeurent.

Si je devais garder déjà quelque chose de ce moment qui n’est pas terminé, c’est la générosité et l’entraide entre clubs, la qualité du lien entre dirigeants forgé par la crise, et la proximité qui s’est renforcée entre tous les acteurs de la vie du club, sponsors inclus. On a changé de dimension avec cette crise. Ce virus nous a soudé. Il faut maintenir rebondir et aller de l’avant. Le club doit s’en sortir et je m’y emploie, mais je souhaite que notre écosystème soit plus en phase avec notre réalité terrain, et que la Covid-19 puisse fonctionner comme un électrochoc pour les institutionnels et les acteurs parisiens, car je reste inquiète pour le sport plus globalement. Mon action et mon engagement me libèrent de ces doutes et de ces appréhensions pourtant pesantes.

L’enjeu à venir maintenant c’est septembre. On est devenu agile et on va s’adapter par tous les moyens, au service des jeunes et d’attentes sociales, liées au sport santé et au handicap de plus en plus nombreuses. Ces nouveaux projets, préparés de longue date, font sens et portent de nombreux espoirs pour le club. Cette crise a amplifié leur raison d’être. Ce n’est pas évident. Nouveaux publics, nouveaux réseaux. Mais nous y croyons beaucoup et nous allons y arriver ensemble ! »

 

Merci Aline.